Les surfeurs baignent dans une addiction pour leur sport qui est souvent insondable pour le commun des (autres) mortels. Passionnés, ils le sont souvent pour la vie. Mais comment faire pour assouvir au mieux sa passion sans se casser et perdurer? La bonne santé physique et psychologique ne se résume pas à une seule pratique. Aussi bonne soit elle. La juxtaposition de bonnes pratiques conduira plus certainement le surfeur à glisser mieux, plus vite et plus longtemps.

Des pistes à prendre en compte
Le surfeur chute, glisse et sollicite certains muscles plus que d’autres tout au long de sa pratique. Imposant à son corps des contraintes mécaniques parfois considérables ! Certaines pièces anatomiques du corps – à force de ces mêmes sollicitations musculaires et des nombreuses chutes – se « grippent », perdent de leur mobilité première. Conséquences : enraidissements articulaires, tensions musculaires, douleurs plus ou moins invalidantes qui peuvent réduire nettement les performances.
L’ostéopathie se révèle alors une thérapie de choix pour libérer le corps de ses «grippages» et restaurer une dynamique nécessaire.
Entre les contraintes mécaniques liées à l’activité surf et la rupture de l’harmonie du mouvement – consécutif aux sur-sollicitations musculaires et autres « grippages » – certaines zones de notre corps sont plus fragiles que d’autres et jouent un véritable rôle tampon. C’est le début des douleurs : cervicalgie, lombalgie, sciatique, tendinopathie d’épaule, etc…
L’ostéopathe va alors dépister et traiter les causes des douleurs et des tensions qui diminuent la force musculaire, qui altèrent la souplesse articulaire. Le corps débarrassé de ces divers « grippages », tensions et autres douleurs, récupérera mieux après l’effort. Le corps, moins fatigué sera plus performant.

Chose importante...
La cause de la douleur est parfois à distance de la zone douloureuse (sauf trauma direct sur la zone). Ne soyez donc pas étonné si votre ostéopathe mobilise votre cheville ou votre ventre alors que vous venez consulter pour un mal au cou. Il traitera le symptôme (la zone du motif de consultation). Parfois non. Mais aussi et surtout, il traitera le terrain pour éviter que les douleurs reviennent.
Plus jeune, mon grand père Maurice, philosophe à ses heures perdues (ma grand mère Berthe et lui n’avait pas la télé à cette époque, gloire à leurs âmes) me disait souvent : « quand on marche sur la queue du chat Minouche, c’est à l’autre bout que cela miaule ». Il aimait rajouter « mettre un pansement sur un doigt coincé dans une porte c’est couillon. Ouvrir la porte, c’est quand même mieux ! ». L’absence de télévision l’a peut-être aidé à devenir sage et en bonne santé ..
Si vous n’avez pas déjà commencé, faite du YOGA et/ou du Pilates
Pourquoi le yoga ? Le yoga permet de relâcher des zones importantes et fortement sollicitées lors de nombreuses sessions: épaules, pectoraux, bassin, rachis, quadriceps, arrière des cuisses et psoas. Vous retrouverez un corps plus équilibré. Un corps équilibré et alerte fonctionne avec plus d’efficacité et de puissance. Vous travaillerez également votre stabilité interne si importante dans le surf. Sans parler de l’effet bénéfique, et malheureusement occulté, de la respiration abdomino-diaphragmatique (ou abdominale) sur les différentes structures du corps. Le yoga procure donc beaucoup de bienfaits pour le surfeur, et le sportif en général.

Dernier volet, et non des moindres : la préparation physique
Encore une fois, je ne suis là que pour vous donner des pistes. Je n’accepte aucune doléance si je vois pointer la moindre déception d’un manque de développement .
Matt Griggs, préparateur physique du team Rip Curl, prétend -et je suis d’accord avec lui- que surfer ne suffit pas et ne fait que renforcer une posture déjà viciée, inadéquate et que s’entraîner uniquement pour rendre les muscles plus forts est la recette pour se blesser. Toujours selon lui, beaucoup de choses peuvent vous permettre de rider mieux, de rider longtemps. Faire du vélo ou du running vous rendra endurant et puissant pour…le vélo et le running, mais pas forcément pour le surf, le skate ou la boule lyonnaise.
Quand on analyse la performance physique en surf, c’est un sport où il faut être explosif, endurant et souple. Grâce à une préparation physique générale (PPG) et du gainage, vous pouvez travailler tout cela. Vous renforcerez de façon équilibrée (c’est une notion importante) et globale tout le système musculaire afin de mieux supporter une charge de travail plus intensive. Travaillez intelligemment et de grandes choses se passeront dans l’eau et ailleurs.
Rapprochez vous d’un préparateur physique ou d’une salle de fitness pour organiser vos entraînements.
Pour les plus sauvages d’entre vous (de la famille des ursidés) vous pouvez toujours visionner les très bons DVD « Foundation Training » d’Eric Goodman, « Surf Exercices » avec Taylor Knox et autre « Surf Stronger » de Scott Adams (tout 3 en anglais). Avec une préférence pour les 2 premiers.

Autre bienfait d’un renforcement musculaire intelligent :
Ré-équilibration des attitudes de vie qui conduisent à une mauvaise posture. Et ceci est primordial pour rider vieux et perdurer dans ce monde impie du ride.
Pourquoi donc ?

La gravité, que l’on subit tous les jours et toute notre vie + les attitudes de la vie quotidienne qui nous voûtent (ordinateur, addiction pré/post pubaires aux SMS, programmes de début de soirée de NT1, Playstation, station assise prolongée/sédentarité). Tout ceci concourt à une posture « viciée ». A favoriser une attitude dite « Droopy » : épaules et menton en avant, pieds et hanches tournés vers l’extérieur. Résultat : mauvais alignement corporel.
Conséquences? les courbures physiologiques du rachis (lordose et cyphose) ne sont plus respectées et augmentent les contraintes sur la mécanique de l’homosapiens sapiens que nous sommes. Usure et stress mécanique sont accentués. C’est le terreau des douleurs en tout genre, d’une récupération plus lente et des performances déclinantes.
De plus, la pratique du surf accentue ce déséquilibre antéro/postérieur du corps. L’attitude « droopy» se renforce. Certains muscles antérieurs du corps sont fortement sollicités (pectoraux, psoas, deltoides antérieurs) alors qu’ils sont déja naturellement plus puissants que ceux de la chaîne postérieure du corps (paravertébraux, carré des lombes, rhomboïdes, deltoides postérieurs). Il existe donc un déséquilibre postural initial, accentué encore et toujours, par la pratique glisse intensive.
La PPG ainsi que le gainage actif vont venir contrecarrer cette tendance à l’enroulement thoracique antérieur. De nombreux sportifs comme Kelly Slater, Lance Armstrong et beaucoup d’autres, utilisent la méthode «Foundation Training » qui insiste justement sur l’amélioration de la posture et du gainage pour contrecarrer ce fameux déséquilibre. Certainement une des clés de la performance et de la longévité.
L’ostéopathie, le yoga et la préparation physique rentrent donc dans une démarche complémentaire. Ces pratiques redonnent au corps fonctionnalité et adaptabilité. Le corps redevient utile et prompt à affronter les exigences sportives du surfeur hédoniste. Apprenez maintenant à mener votre corps de la douleur au plaisir, du plaisir à la performance.
A votre santé et bon surf!
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